Saint-Germain-des-PrésLes dessins préparatoires de Lenoir pour La Statistique monumentale de Paris

André Lenoir, Saint-Germain-des-Prés : clocher, Bibliothèque de l'INHA, OA 716 (9, 33). Cliché INHA

Comme annoncé précédemment, « L'inventaire du fonds Lenoir est achevé ».
Petite piqûre de rappel pour ceux qui n'auraient pas lu le précédent billet : le fonds Lenoir est entré dans les collections de la Bibliothèque d’art et d’archéologie en 1938 sur donation d'André Lenoir. Descendant du créateur du musée des Monuments français Alexandre Lenoir (1761-1839), et d'Albert Lenoir (1801-1891) architecte du musée de Cluny, André Lenoir a confié une partie des archives de ses éminents aïeuls à la Bibliothèque.

Parallèlement au classement et à la description minutieuse des pièces qui composent l'archive (relevés d'architecture, projets, copies, sous forme de dessins, gravures, photographies, notes manuscrites...), une première sélection d'images des archives d'Albert Lenoir a été numérisée. Le choix s'est porté sur le corpus concernant l'église de Saint-Germain-des-Prés en partenariat avec le LABEX CAP (Laboratoire d’Excellence Création, Arts et Patrimoines). Dans le cadre de son projet « Mots et images pour la conservation du patrimoine médiéval » (Pôle Enjeux Contemporains du patrimoine : Patrimoine visuel, patrimoine urbain et paysager), le LABEX CAP étudie les travaux de restauration et de décor des églises médiévales parisiennes au XIXe siècle à partir d’une étude de cas, l’église Saint-Germain-des-Prés. Le sujet s'avère d'autant plus d'actualité que la restauration des décors intérieurs de l’église (cofinancée par la ville de Paris et le fonds de dotation pour le rayonnement de Saint-Germain-des-Prés) a été engagée cet été. Les recherches lancées par le LABEX CAP se basent sur les reproductions réalisées ou collectées par tous ceux qui ont contribué aux restaurations, reconstructions, ou plus largement aux études du monument. Une journée d'études organisée par l'Ecole des chartes fera le point sur ces recherches le 30 novembre prochain.

 

Albert Lenoir, Tombeau de l'abbé Morard, avant 1867, encre et aquarelle, bibliothèque de l'INHA, OA 716 (9, 53). Cliché INHA
Albert Lenoir, Tombeau de l'abbé Morard, avant 1867, encre et aquarelle, bibliothèque de l'INHA, OA 716 (9, 53). Cliché INHA


Le fonds Lenoir s'est avéré une source remarquable. Les documents du fonds concernant Saint-Germain-des-Prés ont donc été mis en ligne. Parmi eux se trouvent de nombreux dessins préparatoires à La Statistique monumentale de Paris, publication éditée en 1867 sous la direction d'Albert Lenoir. Lenoir initia le projet de cet ouvrage en 1835 sous le patronage du Comité des Arts et des Monuments du ministère de l'Instruction publique, dans l'objectif de décrire et de faire connaitre les monuments parisiens, et ainsi, plus largement, de retracer une histoire de l'architecture des Romains au XVIIe siècle.

Lenoir s'entoure d'une trentaine de collaborateurs qui, pendant près de 30 ans, vont réactualiser les recherches faites sur Paris. Le point de vue adopté pour représenter les édifices n'est plus celui des vues pittoresques dans lesquelles les proportions étaient bien souvent sacrifiées au profit d'effets graphiques. La Statistique monumentale doit permettre de conserver une image exacte des monuments décrits et, également, de restituer l'état ancien de Paris. Plans, relevés, dessins d'architecture, notices exhaustives, analyse de documents d'archives... permettront de mener a bien cette représentation raisonnée. Tenu au courant des démolitions par le Comité des Arts et des Monuments, Lenoir privilégie les monuments menacés, devenant le témoin du « Vieux Paris ». Dans les Annales archéologiques, Adolphe-Napoléon Didron (1806-1867) annonce chaque nouvelle livraison de La Statistique monumentale de Paris en déplorant les bâtiments disparus ou en cours de démolition, n'existant plus que dans cet ouvrage. Lors de la publication des 22e et 23e livraisons, Didron va jusqu'à affirmer, avec une ironie teintée d'amertume,que « par la suite de destruction successive de tous les vieux monuments de Paris, cette statistique passe à l'état de nécrologie ».

 

Dessin préparatoire (OA 716 (9, 73) et Explication de la planche XXXV de la Statistique monumentale de Paris décrivant le buste de Charles Quint qui décorait la salle des manuscrits à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés
Dessin préparatoire (OA 716 (9, 73) et Explication de la planche XXXV de la Statistique monumentale de Paris décrivant le buste de Charles Quint qui décorait la salle des manuscrits à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés


La Statistique monumentale de Paris est reconnue comme une publication majeure du XIXe siècle en matière d'urbanisme et d'architecture. Elle reste aujourd'hui encore une référence, d'une part pour la nouveauté de sa démarche puisqu'il s'agit de l'une des premières tentatives d'inventaire scientifique des richesses de la capitale, et d'autre part parce qu'elle témoigne des bouleversements urbains survenus entre la Monarchie de Juillet et le Second Empire.


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 Élodie Desserle

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Publié par Elodie DESSERLE le 24 novembre 2015 à 10:00

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