La Médiathèque du patrimoine et de la photographieArchives des Monuments historiques et de l'archéologie, patrimoine photographique de l'État

La Médiathèque du patrimoine et de la photographie à Charenton (source : GDG50, sur Wikimedia)

Nous partageons nombre de nos ressources et réseaux professionnels avec elle et ses collections dialoguent étroitement avec les nôtres : découvrez aujourd'hui la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP), qui accueille chaque jour le public sur son site de Charenton-le-Pont.

Un nouveau site puis un nouveau nom

Anciennement Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP) a depuis 2022 un nom qui rend mieux compte de la double mission qui est la sienne : conserver et valoriser les archives et la documentation de l'administration des monuments historiques et de l'archéologie mais aussi d’importants fonds photographiques, qui rassemblent notamment des millions d’images collectées par les administrations en charge des Beaux-arts depuis le XIXe siècle.

Héritière de services d’archives des monuments historiques anciens mais créée officiellement en 1996, la MPP s’est installée dans ses nouveaux locaux à Charenton-le-Pont en 2008. Le site dispose notamment d’une salle de lecture ouverte sans rendez-vous (consulter les horaires) et de magasins de conservation.

Magasin de conservation des plans, Charenton-le-Pont, 2023, cliché Julien Brault
Magasin de conservation des plans, Charenton-le-Pont, 2023. Cliché Julien Brault

Située au 11 rue du Séminaire de Conflans, la MPP est facilement accessible depuis Paris, desservie notamment par la ligne 8 du métro (station Liberté), le bus 24 (Arrêt Pont Nelson Mandela) et les pistes cyclables qui ont été aménagées ces dernières années le long de la Seine.

Acteur essentiel de la conservation du patrimoine en France, la MPP est le principal contributeur des bases nationales Mérimée sur le patrimoine monumental, Palissy sur les objets mobiliers et Mémoire sur le patrimoine photographique. Trois départements scientifiques œuvrent en son sein.

Le département des archives et de la bibliothèque

Il conserve des fonds issus de l'activité du service du Patrimoine au ministère de la Culture. Leur origine remonte à la création de la commission et du service des Monuments historiques dans les années 1830. La MPP conserve les dossiers de protection des immeubles et des objets mobiliers protégés, soit environ 46 000 immeubles et 285 000 objets ou ensembles d’objets. Ces dossiers contiennent les documents préparatoires à la décision de protection (historiques, plans, photographies) et les arrêtés instituant cette protection. Ils sont enrichis et mis à jour en cas de modifications administratives (mutations de propriété, déplacements).

La MPP conserve l'ensemble des archives intermédiaires du service du Patrimoine. On trouve dans ses fonds les dossiers relatifs à l'histoire des services des Monuments historiques et de l'Archéologie (organisation, personnel, réglementation, périodes de guerre), mais aussi des dossiers administratifs, techniques et scientifiques sur : la protection et la restauration des édifices, des jardins et des objets mobiliers ; la mise en place et le suivi des espaces protégés (abords, secteurs sauvegardés, zones de protection diverses) ; les dossiers des sites archéologiques et rapports de fouilles.

Elle conserve également les avis et rapports de l'Inspection générale des Monuments historiques depuis 1831 et les archives de la commission des Monuments historiques depuis 1837. Les procès-verbaux de la commission pour la période 1848 à 1950 sont publiés en ligne.

La MPP recueille les archives des architectes en chef des Monuments historiques, indispensables à la connaissance des restaurations effectuées sur les édifices protégés. Elle reçoit régulièrement en don des archives privées d'entreprises du patrimoine et de restaurateurs, ainsi que des archives de personnalités marquantes de l’histoire des Monuments historiques. Le fonds d’archives le plus fameux est sans conteste celui d'Eugène Viollet-le-Duc qui a déjà donné lieu à plusieurs belles publications et est aujourd’hui numérisé (F/1996/83).

Projets pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Eugène Viollet-le-Duc, F/1996/83, Charenton-le-Pont, 2023, cliché Julien Brault
Projets pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Eugène Viollet-le-Duc, F/1996/83, Charenton-le-Pont, 2023. Cliché Julien Brault

La MPP conserve environ 250 000 plans de monuments historiques, dont 44 000 aquarellés, les plus anciens datant des années 1830. Dressés par des architectes ou des entrepreneurs à l’occasion d’études ou de restaurations, ils forment une documentation irremplaçable sur les édifices protégés français. Des fonds de gravures et de dessins complètent les collections : dessins de Michel Dorigny pour le château de Vincennes, carnets de croquis de Jules Tillet et de Jean Trouvelot, dessins des maisons d'orfèvrerie Poussièlgue-Rusand et Paraud-Trioullier-Montagnier.

L'art du vitrail, essentiel dans les édifices religieux français, est documenté par des fonds importants de relevés (travaux de Steinheil et de Coffetier sur la Sainte-Chapelle de Paris), de cartons de restauration ou de création (Gérente, Simon-Marq, Max Ingrand-Michel Durand, Weiss-Grüber) ou encore de photomontages réalisés durant les deux guerres mondiales à l'occasion des déposes.

400 000 notices d'inventaires des archives, plans et tirages photographiques de la MPP sont accessibles notamment via la base de données Archiv'MH, qui s'enrichit régulièrement et qui propose plusieurs aides à la recherche (selon que l’on recherche un architecte, un monument en particulier ou encore un fonds photographique).

Tirage de la commission des Monuments historiques, MPP, J/84/22, 2023. Cliché Julien Brault
Tirage de la commission des Monuments historiques, MPP, J/84/22, 2023. Cliché Julien Brault

La bibliothèque de la MPP conserve environ 75 000 ouvrages, principalement axés sur le patrimoine et l'histoire de l'architecture en France et à l'étranger, ainsi que sur la photographie, l’archéologie, les arts décoratifs et les beaux-arts en général. Les ouvrages les plus anciens remontent au XVIe siècle. Un fonds de littérature grise (thèses, manuscrits, tirés-à-part) et de documents graphiques complète cet ensemble, ainsi que quelque 1 750 titres de périodiques, français et étrangers, dont 200 vivants, tous signalés dans le SUDOC. Le catalogue de la bibliothèque est disponible en ligne et ses fonds consultables en salle de lecture.

Le centre de recherches sur les Monuments historiques (CRMH)

Il conserve plus de 20 000 relevés techniques. Ces relevés, avant dépose ou restauration, sont souvent le seul témoignage d'une disposition disparue. Près de 100 000 clichés photographiques disponibles en ligne permettent des comparaisons d'éléments d'un même type. Le CRMH gère également une collection nationale, unique en Europe, de relevés aquarellés et gouachés réalisés par 117 copistes entre 1840 et 2006 et intéressant 466 édifices principalement français. Le CRMH gère enfin une collection particulièrement originale, la matériauthèque, constituée dans les années 1930, afin de créer un musée des matériaux. Elle est composée de plus de 3 700 éléments patrimoniaux : matériaux de construction (pierre, bois, métal, verre), objets (portes, fenêtres, carreaux, targettes) et outils qui proviennent des chantiers de restauration, de campagnes de relevés ou de donations de la part des artisans, architectes et particuliers. La MPP présente depuis l’automne 2019, sur son site de Charenton, sur rendez-vous, environ 600 pièces de cette matériauthèque. Toutes ces pièces sont décrites en ligne sur la base Palissy.

Sablothèque d’Ariel Balmassière, acquise en 2021 par le centre de recherches sur les monuments historiques, 2023. Cliché Julien Brault
Sablothèque d’Ariel Balmassière, acquise en 2021 par le centre de recherches sur les monuments historiques, 2023. Cliché Julien Brault

Le département de la photographie

La MPP conserve l'une des plus importantes collections photographiques d’Europe, qui comprend au moins quinze millions de négatifs et quatre millions de tirages. Environ cinq cents photographes, agences ou administrations y ont déposé des documents qui éclairent leur travail, depuis la prise de vue jusqu’aux différents états de l’image photographique : archives papier, négatifs, planches-contacts, diapositives, autochromes, tirages d’expositions, publications. Ces fonds ne se limitent pas au patrimoine et à l’architecture, mais concernent aussi les beaux-arts, la première guerre mondiale, les studios de portraits, la photographie d’amateurs, de voyageurs et d’auteurs photographes.

Cette importance est le fruit de la longue histoire. Le département de la photographie de la MPP est d’abord l’héritier de la collection photographique de l’administration des Monuments historiques, débutée en 1851 avec la « Mission héliographique », première et fameuse commande publique de photographies faite par l’État : 258 négatifs papier et les tirages correspondants sur papier salé sont alors acquis auprès de Baldus, Le Gray, Le Secq et Mestral. Les acquisitions se poursuivent au cours des XIXe et XXe siècles auprès de photographes comme Mieusement, Marville ou Atget, tandis que des fonds d’érudits comme Martin-Sabon ou l’architecte Lefèvre-Pontalis viennent compléter cet ensemble. Elles continuent aujourd’hui par les archives des architectes en chef des Monuments historiques et une veille sur le marché de l’art.

L’activité du service est également étendue aux beaux-arts, par la couverture photographique des expositions universelles et coloniales (1889-1937) et les reproductions d’œuvres dans des musées publics et privés, français et étrangers. Des fonds spécialisés d’érudits (Fenaille sur la tapisserie, Vitry sur la sculpture) et les fonds généralistes des agences photographiques Bulloz et Druez-Vizzavona (accessibles en consultation au fort de Saint-Cyr) complètent cet ensemble, précieux pour l’histoire de l’art et des collections muséales.

Entre 1915 et 1919, le service se transforme en unité gérée conjointement par les administrations des Beaux-arts et de la Guerre. Ce qui devient la Section photographique et cinématographique des armées (SPCA) organise une documentation destinée à l’état-major et à la propagande, mais aussi au suivi du patrimoine en guerre. La MPP conserve aujourd’hui environ 902 autochromes, 130 000 tirages, les fonds d’origine étrangère et celui de la bienfaitrice américaine Ann Morgan, le reste de la production ayant été déposé à l’ECPAD et à La Contemporaine après la seconde guerre mondiale.

Les années 1950 marquent un infléchissement dans la politique du service. Tandis que certains acteurs organisent eux-mêmes leur campagne de prises de vues (création de l’ECPAD à la Défense, de la RMN pour les Beaux-arts), la photographie, de plus en plus appréciée pour sa valeur intrinsèque, fait l’objet de grandes acquisitions publiques. Le service reçoit en 1950 le fonds de l’atelier de Félix et Paul Nadar, soit environ 200 000 négatifs. En 1989, le ministère de la Culture organise l’acquisition du fonds du studio Harcourt : avec cinq millions de négatifs, il est le plus volumineux des fonds actuellement conservés par la MPP.


André Chastel, studio Harcourt, Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diff. RMN-GP

La politique du ministère se fait volontariste dans les années 1980 : à la suite de la donation Lartigue (1979), une quinzaine de photographes (dont André Kertész et Willy Ronis) font don de leur œuvre à l’État. Initialement gérés par l'Association française de diffusion du patrimoine photographique (AFDPP), dissoute en 2004, ces fonds sont désormais conservés et mis en valeur par la MAP. La donation Jacques-Henri Lartigue figure également dans ses collections, tout en étant gérée par l’association des Amis de Jacques Henri Lartigue (AAJHL).

Enfin, depuis un siècle et demi, des fonds d’amateurs et de voyageurs ont rejoint les collections de la MPP : on peut citer les pionnières Amélie Gallup et Pascaline Dubois, l’écrivain Émile Zola, l’orientaliste Félix Bonfils ou l’explorateur Désiré Charnay.

Plus d’1,2 million d’images sont accessibles sur la plateforme ouverte du patrimoine POP, dans la base Mémoire. Les collections peuvent être consultées sur le site de Charenton-le-Pont pour les tirages anciens relatifs aux Monuments historiques ou sur le site du fort de Saint-Cyr, où se situe le reste de la collection, sur rendez-vous.

Julien Brault

service de la Conservation et des magasins

Aller plus loin

Site web de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.

Publié par Julien BRAULT le 21 juin 2023 à 16:16

Les champs suivis d'un astérisque * sont obligatoires

Sous les coupoles

Bienvenue sur le blog de la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art

Lire la suite

Archives