Géants et Lilliputiens à la bibliothèque

Même aux lecteurs les plus assidus, les collections de la bibliothèque de l'INHA réservent encore bien des surprises. Peut-être ne connaissez-vous pas les ouvrages imposants trônant sur nos étagères, pas plus que nos livres minuscules passés maîtres dans l'art du camouflage ? Le temps d'un billet, partons à la rencontre des Davids et Goliaths qui cohabitent sagement dans nos rayonnages...

Les différents formats

Il existe cinq formats de livres, qui vont de l'in-plano (à partir de 60 cm de haut) au in-douze (inférieur à 19 cm de haut).
Cette terminologie – utilisée aussi par les relieurs et dans le commerce des livres d’occasion – vient du pliage des feuilles de papier des cahiers, lesquels une fois reliés constituent un livre.
Ainsi, pour un in-plano, la feuille est utilisée telle quelle, sans pliage : on obtient deux pages, le recto et le verso. Pour un in-folio, la feuille est pliée en deux, de sorte qu’en résultent quatre pages. Pour un in-quarto, elle est pliée en quatre, et ainsi de suite...

Les Géants

Les livres qui se distinguent par leurs dimensions importantes sont donc des in-plano et in-folio, souvent appelés « grands formats ».
La Bibliothèque en possède un grand nombre : ce sont notamment des ouvrages de référence en histoire de l’art publiés au XIXe siècle qui contiennent des planches reproduisant par exemple des sculptures ou peintures grandeur nature.
Citons notamment Historische Hieroglyphen der Azteken (76 cm sur 57 cm) ou encore Apulische Vasenbilder (77 cm sur 64 cm), un ouvrage de 1845 qui reproduit fidèlement les peintures des vases apuliens du musée de Berlin.


Napoléon, E.-F Jomard, J.-B Fourier, Description de l'Égypte, 1817, Antiquités 1-2 et 3-3 et carte topographique, Pl RES 28. Cliché INHA.

La palme du grand format (110 cm sur 72 cm) revient incontestablement à deux des volumes d’une série monumentale consacrée à l’Égypte : Description de l’Égypte ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition française. Bonaparte avait, lors de son expédition en Égypte, emmené avec lui une pléiade d’érudits chargés d’étudier le pays sous tous ses aspects. La parution de cette encyclopédie en 23 volumes s’échelonna de 1808 à 1825. Deux imposants volumes de planches à reliure rouge et or (Antiquités 1-2 et 3-3 – Paris 1817), ainsi qu’un troisième de moindre hauteur (carte topographique), sont conservés à part, dans un meuble en acajou à piètement en volutes, manifestement construit sur mesure et assez élégant.

La communication d’un de ces grands formats, dont le poids est en rapport avec ses dimensions, est parfois difficile : hisser le volume sur un chariot tout en préservant sa reliure peut nécessiter les efforts conjugués de deux magasiniers, après quoi le géant sera acheminé tant bien que mal à travers les allées des magasins de l’étage concerné, puis par un étroit couloir pentu qui débouche sur un ascenseur sans dégagement. Au rez-de-chaussée, il restera à emprunter le plan incliné périlleux menant enfin à la salle Ovale. Là, on installera le majestueux volume sur un support incliné appelé « lutrin », si son état de conservation le permet, ou bien il sera déposé sur la table de Réserve, sur un coussinet de velours, le « futon », pour ménager sa reliure fatiguée.

Les Lilliputiens

À l’opposé de ces Géants, il existe des Lilliputiens passant presque inaperçus parmi les in-douze...


M. Gauthier, Monographies d'artistes, 12 D 994. Cliché INHA.

Ainsi, une série de six mini-monographies d’artistes par Maximilien Gauthier : Othon Friesz, Vlaminck, Charles Despiau, A. Dunoyer de Segonzac, Raoul Dufy (1877-1953), Raymond Subes, parues chez l’éditeur Les Gémeaux, dans les années 1950. Ces livres minuscules mesurent 12,5 cm de haut sur 8,4 cm de large.

Pour l’édition contemporaine, citons : Hamburg, Architektur der sich wandelnden Stadt. Ce petit guide de poche (7,4 cm sur 10,5 cm) est publié chez l’éditeur berlinois Jovis, spécialisé en architecture. En 271 pages et 90 illustrations couleur sans oublier un plan, il présente 75 projets de modernisation de bâtiments historiques pour Hambourg et montre que petit format et sujet ambitieux sont compatibles.


Bigminis : fétiches de crise, catalogue d'exposition, 2010, 12 MON 4302. Cliché INHA.

Terminons avec Bigminis : fétiches de crise (7,3 cm de haut sur 10,5 cm de large). C’est un minuscule catalogue d’exposition de 415 pages tout de même (CAPC – musée d’Art contemporain de Bordeaux). Là, le mini-format s’imposait puisque cette exposition de 2011 proposait une réflexion sur la fascination exercée par l’objet réduit, dans un contexte de récession.

Ces Lilliputiens hauts comme trois pouces peuvent se targuer avec un brin d’impertinence d’apporter une solution pragmatique à l’épineux problème du manque d’espace dans les bibliothèques de conservation...

 

Christine Camara

Service aux publics

Publié par bguillie le 1 décembre 2015 à 13:30

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