Paul Decottignies, portrait de Geneviève Asse à l'atelier Leblanc, vers 1968Tous les jours 20 ans !

Paul Decottignies, portrait de Geneviève Asse à l'atelier Leblanc, [vers 1968], tirage photographique argentique, INHA, Archives 138/2/2/3. Cliché INHA

Pour les 20 ans de la création de l’INHA, les agents et agentes de l’institut ont sélectionné des documents entrés dans les collections de la bibliothèque ces vingt dernières années et vers lesquels leur cœur les portait. Patrimoniaux ou plus courants, ces documents seront exposés au centre de la salle Labrouste tout au long du mois de janvier 2022, à raison d’un par jour, accompagné d’un texte écrit par la personne qui l’a choisi. Ces présentations reflètent les rapports personnels que nous entretenons toutes et tous à l'art, à son histoire et ses sources, au-delà de la dimension scientifique. Vous retrouverez également ces textes au fil des jours sur le blog de la bibliothèque.

Paul Decottignies (1936-2000)
Portrait de Geneviève Asse à l'atelier Leblanc, [vers 1968]
Tirage photographique argentique
24 × 17,7 cm
INHA, Archives 138/2/2/3
Don de Brigitte Coudrain, 3 juillet 2013

Paul Decottignies, portrait de Geneviève Asse à l'atelier Leblanc, [vers 1968], tirage photographique argentique, INHA, Archives 138/2/2/3. Cliché INHA
Paul Decottignies, portrait de Geneviève Asse à l'atelier Leblanc, [vers 1968], tirage photographique argentique, INHA, Archives 138/2/2/3. Cliché INHA

La photographie de Geneviève Asse provenant du fonds Paul Decottignies m’a immédiatement plu. La photo, son cadrage, la netteté du sujet et le flou de l’atelier d’imprimerie dont on devine au fond la presse, tout cela est parfait. Geneviève Asse est absorbée, ou feint pour le photographe d’être absorbée, dans la contemplation ou la vérification des détails de son travail ; et, formidable cadeau de la lumière frappant la plaque métallique, apparaît sur cette dernière le reflet de l’artiste, du moins son avant-bras et sa main droite. Elle esquisse un sourire que l’on ne peut que juger paisible et satisfait, et cela induit notre propre satisfaction, douce, sereine, attentive, tout cela relié à ce petit moment de joie après un travail tout juste accompli.

En dire plus, à ce stade, ce serait immanquablement extrapoler et déranger la quiétude de cette image pour aller ailleurs, probablement indûment. Il ne faudrait pas le faire. Faisons-le.

L’idée me vient que l’on pourrait rentrer dans l’image, la creuser un peu, chercher, à l’encontre de ce beau reflet, à prendre la plaque pour ce qu’elle est aussi, un matériau qui porte une empreinte si peu lisible qu’évidemment : on a envie de la déchiffrer. La suite n’est que bricolage avec Photoshop, recadrage, contraste, correction de perspective, de luminosité, de couleur et le fantôme espéré se dévoile. La suite de cette suite est banale, il s’agit simplement, méthodiquement, de feuilleter le catalogue raisonné de l’œuvre gravé de l’artiste, à la bibliothèque de l’INHA toujours (NZ ASSE3.A2 1998, p. 53), quelques jours plus tard. Il faut l’avouer, c’est encore une petite joie qui pince le cœur quand on découvre l’œuvre issue de la plaque, d’autant que son titre est évocateur (Triangle Soleil II) et que l’on peut restituer quelque chose à l’artiste, mais aussi à ses collègues qui pourront désormais utiliser cette image, contextualisée, pour illustrer des essais consacrés à Geneviève Asse.

Cliché Vincent Baby
Cliché Vincent Baby

Enfin, et puisque cela ne se fait pas du tout, faisons-le donc aussi. Mentionnons qu’en cherchant qui était Paul Decottignies, magnifique artiste-artisan ayant œuvré quarante ans à l’imprimerie Leblanc, je suis tombé sur un souvenir de Brigitte Coudrain, donatrice de ce fonds : « Paul se souvenait très bien du premier jour où il était rentré chez Leblanc : un lundi, le 10 mai 1959. À cette époque on faisait encore soi-même son noir « à sa main » et le travail était défini pour la journée : c'était le Marre » 1. Cette phrase, rigoureusement la même, je l’ai entendue moi aussi très souvent, à chaque fois que mon grand-père maternel, Robert Chautard, qui a exercé ce même métier d’imprimeur (chez Mourlot et Draeger), évoquait ses souvenirs. Je lui dédie ce tout petit texte et cette inframince découverte.

1. Brigitte Coudrain, « Paul Decottignies ou l'amour du métier », dans Nouvelles de l'estampe, 172 (2000), p. 44-45.

 Vincent Baby
Direction générale

Publié par Jérôme DELATOUR le 12 janvier 2022 à 10:25

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