Trésors royaux : la bibliothèque de François IerUn nouveau catalogue d'exposition à feuilleter en salle Ovale

Le château royal de Blois propose depuis le 4 juillet et jusqu'au 18 octobre 2015 une exposition intitulée Trésors royaux : la bibliothèque de François Ier. Le remarquable catalogue de l'exposition, rédigé sous la direction de Maxence Hermant et publié par les Presses universitaires de Rennes est consultable en salle Ovale, n'hésitez pas à le feuilleter.

L'exposition est issue des recherches de Marie-Pierre Laffitte et Maxence Hermant, conservateurs au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. À l'issue d'un patient travail sur les inventaires et marques de provenances des collections de la BnF, ceux-ci sont parvenus à reconstituer en grande partie l'histoire complexe de la bibliothèque de François Ier.

Le catalogue explore les différentes strates des collections royales, consacrant à chaque œuvre exposée une notice complète. Des articles sont consacrés aux reliures de la collection, ainsi qu'à l'histoire des bibliothèques royales. L'exposition s'est accompagnée de la numérisation en haute définition de nombreux documents, désormais consultables sur Gallica ; les reproductions qui figurent dans le catalogue sont d'une exceptionnelle qualité.

L'héritage d'un prince

François Ier, prince de la Renaissance, est l'héritier de plusieurs dynasties royales et princières, au sein desquelles de précieux manuscrits se transmettent depuis de nombreuses années, voire des siècles. En premier lieu, il recueille l'héritage paternel, celui des Orléans-Angoulême. Parmi les fleurons de cette partie de la collection, plusieurs manuscrits venant de Charles d'Angoulême (1459-1496) enluminés par Robinet Testard. Novateur, le père de François Ier s'intéresse dès la fin du XVe siècle aux livres imprimés : des incunables, imprimés sur vélin et richement enluminés, figurent dans sa collection.

Du côté maternel, François Ier hérite d'une grande partie de la collection de plusieurs centaines de volumes de Louise de Savoie (1476-1531). Elle-même recueille des œuvres provenant de ses ancêtres, par exemple sa grand-mère, Anne de Lusignan (1418-1462), qui possédait un exemplaire enluminé du Roman de Fauvel. Par ailleurs, Louise commande ou reçoit des manuscrits ou imprimés prestigieux. Enfin, à partir de 1523, elle succède à la tête du duché de Bourbon au connétable Charles de Bourbon. À la suite de la traîtrise de celui-ci, elle recueille plusieurs centaines de livres des Bourbons, rassemblés notamment par les grands mécènes que furent Anne de France, fille de Louis XI, et Pierre de Bourbon.


Gervais du Bus et Chaillou de Pesscain, Le Roman de Fauvel, Paris, vers 1318-1320, dessins à l'encre rehaussés de lavis par le Maître de Fauvel, parchemin, BnF, Manuscrits, Français 146, f. 34. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Enfin, François Ier hérite d'une partie de la bibliothèque de son épouse, Claude de France, fille d'Anne de Bretagne. Les splendides Grandes Heures d'Anne de Bretagne, enluminées par Jean Bourdichon, sont l'un des fleurons de la collection royale.

Des livres sont aussi réalisés spécialement pour François Ier. Lorsqu'il devient roi, de nombreux ouvrages lui sont offerts par des donateurs qui cherchent à obtenir la protection du souverain. Les commandes ou achats directement décidés par le roi restent difficiles à identifier. D'une manière générale, il n'est pas aisé de déterminer l'influence des préférences personnelles de François Ier. On suppose cependant que les donateurs se renseignaient auprès de l'entourage du roi afin de lui offrir des livres conformes à ses goûts.

Bibliothèque personnelle, librairie royale

L'ensemble de ces œuvres forme la bibliothèque personnelle du roi, que François Ier installe en 1515 au château de Blois. Elle y coexiste alors avec la bibliothèque, ou librairie, royale proprement dite. Cette dernière, recréée par Louis XI après la guerre de Cent Ans, a été enrichie par Charles VIII et Louis XII, grâce aux saisies effectuées durant les guerres d'Italie.

Certains documents font des allers-retours entre la bibliothèque personnelle de François Ier et la bibliothèque royale. Ainsi, le roi prélève plusieurs manuscrits de la bibliothèque royale vers sa collection personnelle, comme le somptueux Romuleon enluminé par Jean Colombe. Inversement, François Ier verse aussi à plusieurs reprises des livres de sa bibliothèque personnelle dans la librairie royale.


Benvenuto d'Imola, Romuleon, Bourges, vers 1485-1490 ; enluminé par Jean Colombe et son atelier, BnF, Manuscrits, Français 364, f. 33. Source : Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

En 1544, le roi décide le déménagement et la réunion à Fontainebleau des deux bibliothèques. Avant le déménagement, la bibliothèque royale totalise 1896 livres. François Ier se constitue alors une nouvelle bibliothèque personnelle réunie dans un cabinet privé décoré par Primatice. Plus moderne, cette bibliothèque est riche en ouvrages italiens et en traductions françaises, parmi lesquelles un Vitruve illustré par Jean Goujon. Pour la première fois, une distinction claire est faite entre la bibliothèque officielle de la monarchie, inaliénable et transmise de roi en roi, et la bibliothèque privée. Ce processus est parachevé à la fin du siècle par le transfert de la bibliothèque royale de Fontainebleau à Paris, où elle constitue le socle de l'actuelle Bibliothèque nationale de France.


Vitruve, Premier livre d'architecture, France, vers 1540-1545 ; dessins de Jean Goujon, BnF, Manuscrits, Français 12338, f. 5-6. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

L'art de la reliure

L'exposition a été l'occasion de restaurer plusieurs reliures de la collection de François Ier. Celles-ci diffèrent selon les provenances et les fonctions des ouvrages. Ainsi, de nombreuses reliures sont couvertes de textiles luxueux, dont certains sont brodés. Elles correspondent à un idéal aristocratique : les livres les plus prestigieux de Charles d'Angoulême et de Louise de Savoie sont reliés en tissus d'origine italienne – drap d'or, velours ou satin de soie damassé. En revanche, les ouvrages plus modestes, à vocation didactique, sont souvent couverts de cartonnages peints.

Par ailleurs, les reliures de cuir sont de plusieurs types : les premières reliures italiennes à décors dorés de la fin du XVe siècle sont fortement influencées par les arts de l'Islam ; puis les reliures françaises réalisées pour le souverain, en particulier celles de l'atelier d'Étienne Roffet tendent à s'uniformiser.

 

Référence bibliographique

Lucie Fléjou

Service du patrimoine

Publié par lflejou le 15 septembre 2015 à 13:30

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