À la découverte de la salle LabrousteUn écrin pour les livres

Salle Labrouste, janvier 2015. Cliché Johanna Daniel

En 2016, la bibliothèque de l'INHA s'installera dans la salle Labrouste restaurée. Cet espace, qui fut longtemps la salle de lecture principale de la Bibliothèque nationale, est un véritable chef-d'œuvre architectural, témoignage de la modernité et de l'inventivité de son créateur, Henri Labrouste.

En 1854, Henri Labrouste se voit confier le chantier de reconstruction de la Bibliothèque impériale. Occupant un ensemble hétéroclite de bâtiments, dont certains tombent en ruines, l'institution a besoin d'un écrin à la hauteur de sa collection.

Trois ans plus tôt, Labrouste a achevé la construction de la bibliothèque Sainte-Geneviève, dont la conception moderne et l'architecture rationnelle sont saluées de tous. Ayant établi un premier modèle canonique avec cette réalisation, Labrouste va développer des partis pris radicalement différents, mais tout aussi novateurs, pour l'agrandissement de la Bibliothèque impériale.

De 1854 à 1858, il travaille à la reconstruction de la partie Est de la bibliothèque : il sauvegarde certains éléments, comme l'hôtel Tubeuf et la galerie Mazarine, qu'il intègre à un ensemble harmonieux, qui constitue aujourd'hui la cour Tubeuf et le jardin Vivienne.


H. Labrouste, Bibliothèque impériale, plan d'ensemble, 1868, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Dans un second temps, il édifie la nouvelle salle de lecture et le magasin central, dont le projet a été validé en 1859. Ces nouveaux bâtiments occupent la partie Ouest de l'îlot, le long de la rue de Richelieu et de la rue des Petits Champs.

La partie inférieure du plan général de 1868 montre la continuité des trois espaces conçus par Labrouste pour la Bibliothèque impériale : le vestibule, la salle de lecture et le magasin central.

Accessible depuis la cour d'honneur, le vestibule, peu éclairé, dont l'esthétique fait écho aux vestiges de Pompéi et aux tombeaux étrusques, débouche sur la vaste salle de lecture baignée de lumière.

Pour cette salle de lecture, là où Labrouste avait adopté la forme traditionnelle de la bibliothèque « en galerie » pour Sainte-Geneviève, il préfère ici le plan carré, prolongé au Sud par un hémicycle. Comme à Sainte-Geneviève, il déploie une ingénieuse structure métallique indépendante de la maçonnerie. Les seize colonnes en fonte de la salle soutiennent neuf coupoles. Revêtues de panneaux de faïence et percées d'oculi, elles diffusent une lumière uniforme dans la salle.

chantier salle Labrouste
Salle Labrouste, janvier 2015. Cliché Johanna Daniel

Enfin, au fond de l'hémicycle, deux cariatides encadrent la porte monumentale et vitrée du magasin central des imprimés. Inscrit dans le prolongement de la salle, ce magasin de conservation des collections se déploie sur 5 niveaux pour un total de 1218 m². Sa capacité est alors de 900 000 ouvrages. Comme pour la salle de lecture, Labrouste effectue des choix architecturaux novateurs : tout d'abord, il couvre le magasin d'un toit en shed, tel ceux qu'il a pu observer dans les filatures du Nord de la France : cela assure une luminosité homogène. Les planchers des étages sont en claire-voie, de façon à ce que la lumière pénètre jusqu'au sous-sol. Enfin, l'occupation de l'espace est optimisée : les escaliers sont placés à intervalles réguliers pour minimiser les déplacements.

magasin central des imprimés, bibliothèque nationale, Labrouste
L.-É. Durandelle, Magasin Central des Imprimés - Bibliothèque Impériale, photographie, 1888, Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Inaccessible au public jusqu'ici, le magasin central accueillera, à partir de 2016, dans la nouvelle configuration de la bibliothèque, les collections en libre accès de l'INHA.

Avec cet ensemble, Labrouste signe son ultime chef-d'œuvre. Comme la bibliothèque Sainte-Geneviève, la Bibliothèque nationale sera célébrée pour son modernisme et l'ingéniosité de sa conception, dont l'architecture sera copiée dans le monde entier : plus qu'un lieu, Labrouste y a créé un modèle durable.

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Johanna Daniel
service du patrimoine

Publié par Johanna DANIEL le 5 mars 2015 à 10:00

10 commentaire(s)

  • Commentaire de Marnie posté le 6 mars 2015 à 15:18

    Merci pour cet article fort instructif ! Quid du devenir du grand escalier de la BNF qu'on voulait démolir alors qu'il est classé ?

  • Commentaire de Marnie posté le 10 mars 2015 à 16:05

    Je crois avoir posé une question sur ce blog il y a quelques jours, à savoir quel était finalement la décision prise quant au sort du grand escalier de la Bnf Richelieu, qu'il était question de démolir (pardon déconstruire) alors qu'il est classé. Mon commentaire n'a pas passé la barrière de la cens..., pardon, de la modération ?

  • Commentaire de Équipe du blog posté le 11 mars 2015 à 09:57

    Bonjour,

    D'abord, veuillez nous excuser pour le retard de cette réponse, lié à la mise en place récente de ce blog...

    Les travaux touchant l'escalier construit par Jean-Louis Pascal sont prévus pendant la deuxième phase du chantier du Quadrilatère Richelieu, entre 2016 et 2019 et ne concernent pas directement les futurs locaux de la bibliothèque de l'INHA.

    Mais nous aborderons de nombreux aspects du projet architectural au fil des billets de ce blog, en particulier tout ce qui concerne la salle Labrouste et les magasins attenants.

    Merci pour votre attention, et à très bientôt donc, nous l'espérons, sur ce blog.

  • Commentaire de erdnisloed posté le 28 avril 2015 à 10:48

    Depuis le 5 mars 2015, 21 articles ont été publiés sur ce blog, mais depuis, seule 1 personne, le lendemain, a posté une question, réitérée ensuite 6 jours plus tard.

    Pour ma part, je pense que la position de l'escalier droit actuel menant au Cabinet des médailles est esthétiquement incongrue. Mais il n'en demeure pas moins que ses garde-corps, comme ceux des paliers qui le dominent, sont superbement ouvragés et d'un intérêt évident !

    Peut-être même y trouve-t-on des réemplois d'un escalier ancien antérieur.

    Je trouve donc absurde de les démonter, puis de les laisser croupir des décennies dans une cave où ils finiront certainement rouillés. Ne pouvais-t-on les REUTILISER dans un escalier neuf plus COMPACT à plusieurs niveaux de paliers alternés et rampes symétriques ou éventuellement courbées autour de l'ascenseur projeté ?

    Plutôt que de faire table rase, au profit de sa chère création, votre architecte a-t-il pris humblement la peine de réaliser une étude SERIEUSE, à l'aide de maquettes ou calculs, pour voir si un tel escalier à palier(s) intermédiaire(s), plus respectueux de son patrimoine existant, est POSSIBLE dans le volume qui lui est dévolu (cf. musée Jacquemart-André, etc) ?

    Et puisqu'il ne faut pas trop rêver, votre directeur a-t-il EXIGé une telle étude, préalablement à son anéantissement, dont il serait tout autant responsable ?

    Mais, surtout, LA question qui me taraude depuis des années... concernant l'INHA est la suivante :

    Quand expliquerez-vous enfin aux internautes, juste en 2 lignes... sur votre site, comment effacer une sélection après une recherche faite sur l'une des bases d'AGORHA ?

    On a beau appuyer sur la touche EFFACER, pourtant dédiée..., revenir en arrière, changer de page, fermer même le site de l'INHA, le ré-ouvrir, effectuer sur Firefox, Explorer ou tout autre navigateur, toutes les circonvolutions possibles et inimaginables : une nouvelle recherche nous fait TOUJOURS retomber... sur notre première base de donnée sélectionnée, voire le plus souvent sur notre première recherche même... C'est absolument ho-rri-pi-lant !

    IMPOSSIBLE donc de faire une autre recherche !

    Je n'ai jamais vu ça nulle part en 20 ans d'utilisation d'internet ! J'entends rigoler d'ici les directeurs du Courtauld et du Getty, à s'en éclater la luette, en se disant que décidément on ne déroge pas à notre... réputation.

    Bref AGORHA est totalement INUTILISABLE !!! On peut dire que vous avez gagné le pompon !

    Et personne de l'INHA, pas même apparemment votre informaticien surdoué ne semble s'en être rendu compte, depuis des... années !?

    Alors je fais comment pour effacer ma 1ère sélection de recherche sur AGORHA ?

    Merci.

  • Commentaire de Équipe du blog posté le 28 avril 2015 à 16:49

    Bonjour,

    Merci pour l'intérêt que vous portez à ce blog.

    Voici quelques éléments en réponse à vos remarques :

    Au sujet de l'escalier de Jean-Louis Pascal, comme déjà indiqué plus haut, la bibliothèque de l'INHA n'est pas directement concernée par ces travaux. Nous transmettons cependant vos remarques à la direction de l'INHA.

    Pour ce qui concerne Agorha, nous sommes bien conscients de certaines difficultés liées à l'ergonomie de cette application, mise en place il y a plusieurs années, et actuellement en cours de refonte.

    Sur le problème précis que vous soulevez, nous ne sommes pas sûrs de bien comprendre ce dont il s'agit. À ce sujet, nous vous invitons donc à contacter directement la cellule d'ingénierie documentaire du département des études et de la recherche de l'INHA, responsable de l'administration d'Agorha, en utilisant le formulaire suivant : http://www.inha.fr/fr/ressources/bases-documentaires/contacts.html

  • Commentaire de Pascaline posté le 28 avril 2015 à 17:46

    Il faudra sûrement faire nos adieux à l'escalier qui, semble-t-il, est sur la sellette depuis plusieurs décennies et qui est classé sous certaines conditions, en réalité.

    Il faut se consoler en regardant aussi tout ce qui a été fait pour le patrimoine sur ce chantier, qui est très vaste, et se faire peut-être à l'idée d'un sacrifice...

    Cf. des extraits d'un article écrit par des architectes, qui donne un autre avis.

    «Nous avons réalisé des esquisses et maquettes en ce sens», précisent les architectes. En son temps, Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, leur avait effectivement demandé d'examiner d'autres alternatives mais, quelle que soit l'option envisagée, «l'ouvrage tournait le dos au centre de gravité du site».

    «Ce problème de configuration a toujours existé», font écho Bruno Gaudin et Virginie Brégal. «A tel point qu'en 1987, une partie de l'escalier fut démolie», assurent-ils. François Autier précise qu'une «inversion des volets de l'escalier» fut réalisée à l'époque pour faciliter la mise en place d’ascenseurs. Le représentant de l'OPPIC précise par ailleurs que «lors de l'inscription de l'escalier à l'inventaire supplémentaire en 1983, la BNF avait donné son accord sous réserve qu'il soit possible d'intervenir sur l'ouvrage». Ainsi, dès le départ, l'escalier était un noeud dans la pelote.

    ( http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_5511 )

  • Commentaire de erdnisloed posté le 30 avril 2015 à 15:15

    Bonjour l'Equipe,

    Concernant le bug de la recherche sur AGORHA, qui bloque définitivement... les résultats sur sa première recherche, je ne pense pas que cela vienne de mes équipements, puisque je l'ai TOUJOURS constaté à chaque utilisation depuis... mi-2011, que ce soit sur mon ordinateur de bureau ou chez moi ou sur mes 2 tablettes (je n'ai pas de smartphone) et aussi bien avec les navigateurs Firefox, qu'Explorer.

    Aussi le 28/04, après avoir posté ici mon message et n'en tenant plus, je me suis décidé à enfin passer un certain... temps (je vous invite à faire de même ;+)) à rechercher le truc de déblocage, sur lequel j'étais tombé un jour par hasard en cliquant un peu partout, mais sans me rappeler où !

    Et Eureka, je l'ai finalement retrouvé... Je me suis alors empressé de créer une boîte déroulante intitulée "Critères de recherche sur AGORHA, exemples" dans l'article "Institut national d'histoire de l'art" de Wikipedia, où j'explique non seulement comment faire une recherche, mais aussi ledit TRUC de déblocage, sans remercier votre cellule d’ingénierie documentaire :+), qu'il me semble donc désormais inutile de contacter, d'autant plus si elle ne l'a ni corrigé, ni expliqué en 4 ans... (car je ne peux imaginer qu'on ne le lui ai pas signalé) et que le logiciel est justement en cours de refonte (sans oublier ce point j'espère).

    En substance, dans la recherche experte, il faut cliquer dans la case « Tri croissant » sur la mention la plus pertinente qui a été précédemment modifiée, par exemple « Base(s) de données », « Type d’œuvre », etc, le cas échéant (si c'est insuffisant) après avoir cliqué sur la loupe de « Dernier formulaire de recherche » et à nouveau sur la touche « Rechercher ».

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_national_d'histoire_de_l'art

  • Commentaire de Équipe du blog posté le 30 avril 2015 à 15:36

    Bonjour Erdnisloed,

    Merci de partager cette astuce, qui rendra certainement de grands services à tous ceux qui utilisent Agorha. Nous la transmettons aussi à la cellule d'ingénierie documentaire de l'INHA.

    Et à bientôt sur le blog, nous l'espérons !

  • Commentaire de Geneviève DUPORT posté le 24 septembre 2016 à 14:43

    Bonjour, ayant participé lors de la fermeture de la salle Labrouste il y a quelques années au Concert du Choeur de Chambre Les Eléments avec Emmanuel Krivine, j'aimerais retrouver le lien vers l'enregistrement qui en a été fait,notamment dans cet original MAgasin Central des imprimés.

    Ayant mis un article sur la Bibliothèque du Patrimoine de Toulouse où je réside, j'ai fait un lien vers votre article.

    Cordialement

  • Commentaire de Équipe du blog posté le 26 septembre 2016 à 11:19

    Bonjour,

    Le concert du Choeur de Chambre : Les Eléments, réalisé lors de la fermeture de la salle Labrouste, a été organisé par la Bibliothèque nationale de France. Pour obtenir de plus amples informations sur les archives vidéos de cette manifestation, il faut vous adresser directement à la BnF : accueil@bnf.fr.

    Bien cordialement,

    L'équipe du blog de la bibliothèque

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